Alfred elton van vogt – Invasion galactique

Prenez un être pensant… Cette description convenait même à Steve Hanardy. C’était un homme petit et trapu, qui semblait avoir vécu trop près du stade animal. Ses yeux étaient perpétuellement plissés, comme s’il était ébloui par une lumière vive. Il avait une large figure charnue. Mais il était humain. Il pouvait penser et agir, et c’était un donneur plus qu’un preneur. … Placez cet être pensant dans un système solaire entouré par un océan de néant virtuel de deux milliards d’années-lumière, au-delà duquel, apparemment, il y a encore du néant… Hanardy, produit de la migration de la Terre vers la lune et les planètes du système solaire, était né sur Europa, une des lunes de Jupiter, avant que le système éducationnel atteigne les colons. Il était devenu un vagabond et un homme à tout faire à bord des cargos et des vaisseaux de ligne qui croisaient à toute allure parmi l’immense accumulation de détritus – allant des lunes aux météorites habitables – qui entourait l’énorme Jupiter. C’était une région prospère, où le commerce était en plein développement et, finalement, même Hanardy, si lourd et dépourvu d’imagination, posséda son propre cargo. Dès le début ou presque, ses voyages les plus lucratifs furent des excursions occasionnelles vers le météorite où un savant, le Pr Ungarn, vivait avec sa fille Patricia. Depuis des années, c’était une navette rentable, de routine, sans incidents. … Confrontez cet individu pensant avec l’énigme de l’être… PREMIÈRE PARTIE L’INVASION DREEGH 1 Une lourde indécision pesait sur les pensées de l’homme tandis qu’il traversait la cabine de contrôle du vaisseau spatial pour aller se pencher sur la couchette où la femme était allongée, tendue, terriblement immobile. Il dit de sa voix grave : Nous ralentissons, Merla. Pas de réponse, nul mouvement, pas un frémissement des joues délicates, anormalement blêmes. Les fines narines se dilataient imperceptiblement à chaque inspiration.


C’était tout. Le Dreegh lui souleva un bras et le lâcha. Il retomba contre elle comme un morceau de bois inerte et son corps resta rigide. Avec précaution, il avança la main vers un œil, souleva la paupière, se pencha encore. L’œil le regarda fixement, d’un bleu laiteux, aveugle. Il se redressa. Debout dans le silence du vaisseau fonçant à travers l’espace, il semblait incarner le calcul, la spéculation glacée. Il songeait sombrement : « Si je la ranime maintenant, elle aura plus de temps pour m’attaquer, plus de force. Si j’attends, elle sera plus faible. » Lentement, il se détendit. Un peu de la lassitude des années que cette femme et lui avaient passées ensemble dans la noire immensité de l’espace vint briser sa logique anormale. Il fut pris de compassion et se décida. Il prépara une piqûre, la lui fit au bras droit. Elle ouvrit des yeux gris d’acier brillants quand il approcha les lèvres de son oreille. — Nous sommes près d’un système stellaire, dit-il d’une voix claire et vibrante.

Il y aura du sang, Merla ! Et de la vie ! La femme s’agita. Un instant, elle eut l’air d’une poupée aux cheveux d’or soudain douée de vie. Aucune couleur ne monta à ses joues parfaitement modelées mais son regard devint plus vif. Elle le considéra avec hostilité, avec une expression presque interrogatrice. — J’ai été chimique, dit-elle. Soudain, elle n’eut plus rien d’une poupée. Son regard se fixa sur l’homme, un peu de sa joliesse s’évapora. Elle reprit : — C’est vraiment bizarre, Jeel, que tu ailles encore bien. Si j’avais pensé… — N’y pense pas, dit-il sèchement, l’air froid, attentif. Tu es une gaspilleuse d’énergie et tu le sais. De toute façon, nous allons atterrir. La brûlante tension de la femme s’apaisa. Elle se releva péniblement mais elle avait toujours un air songeur quand elle murmura : — J’aimerais connaître les risques. Ce n’est pas une planète galactique, n’est-ce pas ? — Il n’y a pas de galactiques par ici. Mais il y a un observateur.

Depuis deux heures, je capte des signaux ultra-secrets, dit-il avec une certaine ironie, avertissant tous les vaisseaux de se tenir à l’écart parce que le système n’est pas prêt pour un contact, quel qu’il soit, avec les planètes galactiques. La joie diabolique qui envahissait ses pensées avait dû s’insinuer dans sa voix. La femme le regarda et lentement ses yeux s’agrandirent. Elle souffla : — Tu veux dire… Il haussa les épaules : — Les signaux devraient nous parvenir à plein volume, maintenant. Nous allons voir de quel degré est ce système. Mais tu peux commencer à espérer. Face au tableau des commandes, il plongea avec précaution le poste dans l’obscurité et régla les automatiques. Une image se forma sur un écran de la paroi opposée. Au début, ce ne fut qu’un point lumineux au milieu d’un ciel étoilé, puis une planète brillante flotta dans l’espace obscur, des continents et des océans nettement visibles. Une voix monta de l’écran : — Ce système stellaire contient une planète habitée, la troisième à partir du soleil, appelée Terre par sa race dominante. Elle a été colonisée par les Galactiques de la manière habituelle, il y a environ sept mille ans. Elle se trouve maintenant au troisième degré de développement, ayant atteint il y a un peu plus de cent ans une forme limitée de voyage spatial. D’un mouvement brusque, l’homme coupa l’image et ralluma, puis il jeta vers la femme un regard triomphant. — Troisième degré ! murmura-t-il avec une certaine stupéfaction. Seulement le troisième degré.

Merla, tu te rends compte de ce que ça veut dire ? C’est l’occasion des siècles. Je vais appeler la tribu Dreegh. Si nous ne repartons pas avec plusieurs citernes de sang et toute une batterie de « vie », nous ne méritons pas d’être immortels ! Il se tourna vers le communicateur ; et pendant cet instant d’exultation, sa prudence fut presque en défaut. Du coin de l’œil, il vit la femme bondir de la couchette. Trop tard, il tenta de l’esquiver. Le mouvement ne le sauva qu’en partie. Ce furent leurs joues et non leurs lèvres qui se rencontrèrent. Une flamme bleue jaillit de lui, vers elle. La brûlante énergie lui mit aussitôt la joue à vif, en sang. Il faillit tomber. Puis, fou de douleur, il se libéra. Je te romprai les os ! ragea-t-il. Le rire de la femme, rauque de fureur contenue, monta vers lui du sol où il l’avait jetée. Ainsi, dit-elle, tu avais bien une provision secrète de « vie » pour toi-même. Sale traître ! Sa mortification s’atténua quand il comprit la futilité de sa colère.

Lourd d’une faiblesse qui envahissait déjà ses muscles, il pivota vers le tableau des commandes, et se mit fébrilement à effectuer des réglages destinés à ramener le vaisseau dans l’espace et le temps normaux. Les impulsions corporelles montaient rapidement en lui, un sombre besoin impitoyable. Par deux fois, il chancela vers la couchette, pris de nausée. Mais à chaque fois il lutta et revint vers le tableau des commandes. Il s’y assit enfin, tête basse, conscient de l’engourdissement qui s’insinuait de plus en plus profondément en lui. Il conduisait le vaisseau trop vite. La fusée devint d’un blanc éblouissant quand elle entra enfin en contact avec l’atmosphère de la troisième planète. Mais ses métaux résistèrent, elle garda sa forme, et les vitesses fantastiques cédèrent à la fureur des rétrofusées et à la pression de l’air de plus en plus dense. Ce fut la femme qui l’aida à monter dans la minuscule chaloupe de sauvetage. Il s’y laissa tomber et resta inerte, rassemblant ses forces, contemplant avidement cette mer de lumières scintillantes : la première ville qu’il voyait sur la face nocturne de ce monde étrange. Engourdi, il regarda la femme conduire le petit vaisseau, jusque derrière une cabane, dans une petite ruelle noire. Et comme soudain les secours semblaient proches, il put marcher à côté d’elle vers l’avenue résidentielle faiblement éclairée

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